Avez-vous perdu le sens dans votre travail ? Sentez-vous une baisse de motivation et d’énergie ? Soyez rassurés, vous n’êtes pas les seuls. Selon l’institut de sondage Gallup, environ la moitié des collaborateurs est désengagée et détachée psychologiquement de son travail. 18 % sont complètement déconnectés et cherchent activement un autre poste.
La bonne nouvelle est qu’une meilleure compréhension des causes derrière votre perte du sens et votre démotivation au travail vont vous permettre de prendre du recul et va vous ouvrir un horizon plus large de possibilités pour améliorer votre situation.
Cet article vous propose d’analyser les principales causes dans le contexte spécifique du travail technologique et de se questionner sur sa propre situation. L’intention est de vous permettre de prendre de la hauteur et de mieux comprendre votre situation. Ensuite, quelques pistes d’action plus spécifiques sont proposées.
Prenons un cas concret : Mathias, administrateur de bases de données dans une grande entreprise française. Sa passion pour le stockage et le traitement de données l’ont toujours accompagné et motivé. Récemment, il se sent de plus en plus démotivé, il ne trouve plus de sens dans son travail, il se pose souvent la question “À quoi sert tout ça ? ”. Il est la plupart du temps en télétravail et il se sent déconnecté des autres et aussi beaucoup moins impliqué qu’avant. Chaque jour, il compte les heures jusqu’à la fin du programme. Le matin, il a du mal à se mettre en mouvement pour démarrer son travail.
Comme pour Mathias, la perte de sens et la démotivation pourront être corrélées à une perte de vue sur sa contribution. Son poste qui vise l’infrastructure nécessaire aux services informatiques complexes ne lui permet pas d’apercevoir sa contribution à l’entreprise et à l’utilisateur final. Le chemin est trop long et généralement la communication dans l’entreprise ne met par l’accent sur la clarification de ce chemin. Pourtant, comment faire marcher n’importe quel système d’information sans des bases de données ? L’importance de son rôle paraît évidente.
Comme techniciens qui agissons aux différents niveaux de la stack technologique, nous sommes tellement focalisés sur les détails de notre rôle, le comment, que nous risquons de perdre de vue l’image globale. Si nous ne faisons pas des efforts pour nous maintenir au courant de ce qui se passe dans l’entreprise et d’essayer de comprendre son fonctionnement, ses services et sa valeur ajoutée, nous pouvons vite perdre de vue le pourquoi de notre travail. Et cela va dans les deux sens : ces efforts devront être complémentés par une communication managériale qui aide chaque collaborateur à rester connecté à sa contribution et à la mission de l’entreprise.
Un autre aspect qui pourrait affecter Mathias est le manque d’implication. Que cela soit une habitude de son manager de ne pas demander son opinion et de ne pas l’impliquer dans les décisions concernant son travail ou son propre choix de s’exclure de ce genre de discussion en ne se considérant pas concerné, les deux problèmes peuvent limiter son implication et donc sa motivation.
Mathias est affecté aussi par la déconnexion qu’un travail majoritairement à distance peut créer, surtout dans le domaine technologique.
La plupart des activités dans la tech implique du travail individuel avec des ordinateurs, le travail collaboratif étant mis sur un plan secondaire. Si nous ajoutons à cela les désavantages du télétravail comme le manque de présence humaine et des échanges de type machine à café qui nous permettent de discuter d’autres sujets que le travail et de mieux nous connecter aux autres, nous risquons de nous sentir de plus en plus déconnectés et aussi plus démotivés.
Dans cette situation, l’impressionnante capacité d’adaptation de nos cerveaux ne joue pas en notre faveur. Nous devenons de plus en plus aptes à résoudre des problèmes techniques en autonomie, mais de moins en moins aptes à interagir avec les autres.
Le problème est que tout se passe progressivement, sous l’apparence d’une normalité qui, en réalité, est accompagnée par une dose d’insatisfaction supportable et difficile a nommer (ce que nous pouvons appeler un malheur supportable).
Sur le long terme, ce phénomène peut avoir des conséquences importantes sur notre bien-être et sur notre motivation. Il faut ainsi rester vigilants et essayer d’inverser cette tendance. Je traiterai le sujet plus en détails dans un prochain article.
Prenons maintenant le cas de Mathilde, spécialiste en marketing digital dans une compagnie d’assurance. Elle ressent une insatisfaction de plus en plus profonde par rapport à la stratégie marketing de l’entreprise qui, à son avis, manque d’authenticité et de transparence. Son entreprise a choisi aussi de ‘booster’ la performance des collaborateurs en encourageant la compétition et la comparaison entre les uns et les autres. Cette situation la met dans des situations inconfortables et lui génère beaucoup de frustration. Dans ce milieu compétitif, elle se sent aussi souvent dépassée et elle a du mal à acquérir les compétences nécessaires au rythme qui lui est imposé par les exigences de son poste. Elle a l’impression de ne pas être à la hauteur.
Nous avons ici un conflit de valeurs : les valeurs de Mathilde (transparence, authenticité, cohésion, harmonie) ne sont pas en concordance avec les valeurs et le fonctionnement de l’entreprise, ce que nous appelons d’une manière plus générale la culture de l’entreprise.
Meme si ce n’est pas forcément la première cause à laquelle nous pensons quand nous parlons de sens et de motivation, sachez que l’alignement des valeurs de l’entreprise avec celles de ses collaborateurs représente une des clés du succès d’une entreprise. Dans une étude réalisée en 2019 par Glassdoor, plus de la moitié des participants considère que la mission de l’entreprise est plus importante que la rémunération pour la satisfaction du travail.
La démotivation dans ce cas provient du caractère énergivore de l’adaptation quotidienne à un environnement qui ne nous convient pas, adaptation qui, en elle-même, peut être la seule source d’un burn-out. Nous ne pouvons pas nous permettre de la négliger ou de l’ignorer.
Mathilde est aussi affectée par le syndrome d’imposture qui peut être généré par un environnement et un rythme de travail qui n’est pas adapté à sa façon de travailler et d’assimiler des nouvelles compétences.
Le secteur de la technologie est parmi les plus exigeants en termes de vitesse d’assimilation des connaissances. Nous arrivons à peine à maitriser la technologie courante qu’il y en a une autre qui émerge, et avec elle, une nouvelle vague de spécialistes qui lui sont dédiés. Le sentiment d’impuissance et d’imposture arrive et avec lui, la peur de ne plus être à la hauteur ou pire de perdre son travail. Sur le long terme, ce sentiment va venir creuser la confiance en nous même et va nous démotiver.
Prenons un dernier cas : Nicolas, ingénieur système pour un hébergeur Internet. Nicolas travaille beaucoup en dehors des horaires normaux, soit parce qu’il a trop de travail et qu’il n’arrive pas à finir, soit parce qu’il est d’astreinte la nuit ou le weekend. Il se sent souvent stressé, sous pression et en général de plus en plus fatigué. Il a l’impression d’éteindre des feux toute la journée et il ne trouve plus le temps de travailler sur des projets plus intéressants comme l’automatisation de type DevOps ou d’apprendre des nouvelles choses. Il trouve son travail répétitif et de moins en moins intéressant.
Très probablement, au début, Nicolas avait considéré son poste très passionnant et très motivant et prenait du plaisir dans son travail. Cela n’a pas été suffisant pour compenser le stress et la surcharge qu’il a commencé à ressentir de plus en plus. Il puise continuellement dans ses ressources, se retrouve en déficit de repos et il perd peu à peu son enthousiasme et sa motivation.
Selon une étude faite par Yerbo, 2 professionnels sur 5 dans le domaine technologique présentent un risque élevé de burn-out à cause du stress. Il est donc crucial d’arriver à mettre des limites saines et à garder un équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle pour ne pas risquer le burn-out.
À l’opposé de Mathilde, Nicolas ressent aussi un plafonnement. Son travail est répétitif et, même si c’est exigeant de point de vue du temps de réaction, le challenge intellectuel n’est plus là. Nicolas a du mal à faire évoluer cette situation et, très probablement, il aperçoit la situation comme figée – la recette parfaite de la démotivation.
Que faire pour améliorer la situation ?
Comme illustré dans ces trois cas présentés, dans la plupart des situations, il n’y a pas une seule cause derrière la perte de sens et la démotivation. La principale difficulté est de démêler et d’identifier ces causes. S’accorder le temps de bien analyser la situation, se poser les bonnes questions et de prendre de la hauteur sur notre situation est absolument nécessaire.
Gagner en clarté sur votre situation
Pour gagner en clarté, vous pouvez vous poser des questions comme celles-ci :
- Est-ce que je suis au clair sur ma contribution à mon équipe, a l’entreprise et au client final ? Sinon, de quoi aurais-je besoin pour la clarifier ? Qui pourrait m’aider à la clarifier ?
- Est-ce que je connais la valeur ajoutée de mon entreprise et de sa contribution à la société ? Est-ce que ces éléments me parlent ? Sinon, où se situe le décalage ?
- Quelles sont mes principales valeurs et principes ? Quelles sont les valeurs de mon entreprise ? Est-ce qu’il y a un alignement, une correspondance ? Est-ce qu’il y a des décalages ? Comment ces décalages se manifestent-ils ?
- Est-ce que mon poste reste motivant et passionnant ? Sinon, est-ce qu’il y aurait un autre poste qui me tente plus ?
- Est-ce que je me sens impliqué dans mon travail, dans la vie de mon équipe et celle de mon entreprise ? Est-ce que j’ai souvent l’occasion d’exprimer mon opinion au sujet de mon travail et du travail de mon équipe ?
- Est-ce que je me sens déconnecté des autres ? Est-ce que je préfère davantage travailler seul ? Est-ce que les réunions me stressent ou m’apportent un certain degré d’inconfort ?
- Est-ce que je me sens dépassé ? Si c’est le cas, dans quelles situations ? De quoi aurais-je besoin pour me sentir plus en confiance ? Est-ce qu’au contraire, mon travail est trop répétitif et manque de challenge ? De quoi aurais-je besoin pour me sentir davantage stimulé au travail ?
- Est-ce que je me sens stressé ou anxieux par rapport à la quantité du travail qui m’attend ? Est-ce que je compense en faisant des heures supplémentaires ? Quelle est mon niveau d’énergie quotidien ?
Vous devrez ainsi avoir une meilleure idée concernant les possibles raisons de votre perte de sens et de votre démotivation. Il y a ensuite plusieurs possibilités qui s’ouvrent à vous.
Devenir acteur de votre bien-être et de votre évolution au travail
Vous êtes le principal responsable de votre bien-être au travail. Soyez proactif et agissez pour améliorer votre situation.
Vous vous êtes éloigné ou vous avez perdu de vue votre contribution : vous pourriez poser les questions nécessaires pour la clarifier et vous intéresser davantage à l’environnement en dehors de votre équipe et au fonctionnement de l’entreprise. Vous pouvez aussi vous intéresser aux projets annexes proposés par votre entreprise, comme une collecte de fonds pour une bonne cause ou un projet de réduction de l’impact de votre entreprise sur l’environnement, si le sujet vous tient à cœur. Vous pouvez même proposer une initiative dans ce sens.
Vous sentez que votre opinion n’est pas entendue ou n’est pas prise en compte : vous pouvez exprimer ce que vous ressentez par rapport à ce sujet et comment cela vous affecte. Ensuite, vous pouvez partager avec les autres, explicitement, ce dont vous avez besoin dans ces situations.
Votre travail ne vous motive plus : vous pouvez réfléchir à ce dont vous auriez besoin (un rôle supplémentaire plus motivant, un changement de rôle, une formation) et communiquer ces besoins à votre hiérarchie.
Vous vous sentez dépassé : vous pouvez expliquer votre situation et demander ce dont vous avez besoin (une formation, un délai d’exécution plus long, un stage avec des experts). Vous pouvez aussi vous autoriser à dire non quand la technologie vous est complètement inconnue et que les délais d’exécution sont très courts : nous ne nous sommes pas censés être experts dans tout et l’expertise a un cout et prend un certain temps à se développer.
Vous êtes en stress ou en surcharge : communiquer explicitement et clairement vos limites saines.
Apprendre à identifier et exprimer vos limites saines et vos besoins
Surtout en cas de stress important et de surcharge, la meilleure stratégie est de fixer vos limites saines. Cela peut impliquer des règles simples comme ne pas répondre à vos emails en dehors des horaires de travail ou de protéger votre temps de repos à midi. Vous pouvez aussi insister pour prendre des jours de récupération dans le cas où vous avez dû travailler en dehors des horaires normaux.
Si la situation devient compliquée pour vous, vous pouvez même envisager une discussion, souvent itérative et délicate, avec votre hiérarchie, pour mieux définir le cadre de votre travail, préciser votre cahier de charges et fixer des attentes plus réalistes concernant les délais d’exécution de vos tâches.
Investir dans votre éducation
Le meilleur investissement que nous pouvons faire, c’est l’investissement en nous-mêmes. Pour garder la motivation et l’enthousiasme et éviter de se plafonner, une stratégie imbattable est d’apprendre en permanence et de trouver des stratégies pour améliorer continuellement nos compétences, que cela soit lié à notre savoir-faire ou à notre savoir-être.
Par exemple, si votre supérieur n’a pas validé votre formation d’une semaine en présentiel sur un sujet qui vous intéresse et qui aurait pu vous faire avancer, vous pouvez tenter de débloquer la situation en négociant de suivre quelques heures par semaine une bonne formation en ligne sur une période plus longue. En cas de nouveau refus, vous pouvez vous organiser pour la suivre en dehors du travail. Dans ce cas, l’idée est de prendre le pouvoir sur votre évolution et d’éviter de devenir une ‘victime du système’.
Changer d’environnement et même de travail, si nécessaire
Il y a certaines situations dans lesquelles être l’acteur principal de son bien-être implique l’éloignement. Je pense particulièrement au cas dans lequel il y a un manque d’alignement des valeurs personnelles avec les valeurs ou la mission de l’entreprise ; ou dans le cas d’un environnement problématique (comme un supérieur hiérarchique ou des collègues qui vous mettent en difficulté).
Sortir de ces situations nécessite des actions audacieuses, par exemple, demander une mutation ou chercher un autre travail, mais la démarche est complètement nécessaire et justifiée. Il n’y a rien de pire pour votre bien-être que de devoir s’adapter chaque jour à un environnement très éloigné de vos valeurs et vos besoins.
Être accompagné pour maximiser vos chances de réussite
Vous pouvez vous faire accompagner, notamment par un coach spécialisé dans les problématiques concernant la vie en entreprise. Ce type d’accompagnement est un vrai cadeau que vous pouvez vous offrir.
Cela vous apportera la clarté et le recul nécessaire sur votre situation et cela vous permettra d’identifier les éléments sur lesquels vous pouvez agir, votre sphère d’influence, et les éléments que vous ne pouvez pas changer, comme la culture d’une entreprise.
Dans tous les cas, grâce à la relation de confiance, de bienveillance et de partenariat responsable qui va se créer entre vous et votre coach, vous allez vous mettre en marche dans la bonne direction et surtout persister dans vos démarches le temps nécessaire pour atteindre vos objectifs.